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LA DIASPORA AFRICAINE EN (ÎLE-de) FRANCE : TENTATIVE DE BILAN

henrikalalobe2

Dernière mise à jour : 29 janv. 2023

Quand on évoque le mot Diaspora, on pense presque toujours à un peuple loin de sa terre natale, pour d’obscures et cruelles raisons d’état sans âme. Le mot implique une connotation où sévissent rapports de force et de faiblesse, iniquités et injustices entre dominants et dominés, puissants et pauvres, développés et dépendants. Ainsi, on ne parle jamais de la diaspora française, anglaise, américaine, austro-hongroise, prussienne, russe, allemande, espagnole, italienne et que sais-je d’autre encore.


Le plus souvent, il y a diaspora quand la situation à domicile est d’un inextricable invivable et intenable. On veut partir pour un ailleurs meilleur, aider le pays natal à ne plus se lamenter, désespéré d’attendre en vain le départ du train de l’amitié, à la gare de l’humanité, pour la course au bonheur pour tous, quartier à l’avenir plus convivial. La situation, au Pays (au Village : Lèdge) influe et influence le statut juridique et social des membres de toute diaspora donnée. Plus la situation au Lèdge, est dure et difficile, plus sa diaspora s’en trouvera affaiblie, amoindrie et fragilisée du fait des relations diplomatiques existant, ou pas, entre la terre d’origine et celle d’accueil.


La Diaspora africaine, en douce France de mon enfance, n’échappe pas à ce carcan. Le flou qui entoure les données statistiques fiables, sur la Diaspora Africaine, en France, est des plus surprenants quand on sait le rôle qu'entendent jouer les instances de la Francophonie sur la scène internationale, où joue l’Organisation Intergouvernementale de la Francophonie, OIF, sise à Paris. Le Département Afrique, de l'UNESCO, a, de facto, son siège à Paris, ses diplomates et fonctionnaires résidant en Ile-de-France.


À ces carences, absences et lacunes de données statistiques viables, pour mieux viabiliser la traçabilité de cette Diaspora africaine, il convient d'y adjoindre un carcan diplomatique douteux et délicat, quant au cadre juridique sur la protection des ressortissants de ladite Diaspora africaine, qualifié par d'aucuns d'infra droit, tant le vide qui y sévit est insondable et récurrent.


Le diviser pour mieux régner évite d’amalgamer Noirs des Antilles et Noirs d’Afrique, alors que les statistiques officielles pêchent, dans les deux sens, par leur absence de clarté. Aucun océan, à ce sujet, ne sépare l’Outre Mer de l’Afrique francophone, ultramarine jusqu’aux Indépendances des années 60. Comme pour la traite triangulaire des traites à la cause des peuples noirs, sur ce même océan. La France n’a jamais respecté, par exemple, ses mandats de tutelle sur le Togo et le Cameroun, tant sous la Société Des Nations que sous l’ONU…


On ne peut que louer la diligence, sans attaque aucune, dont firent montre certaines ambassades africaines devant la régularité des vagues de tsunami qui expulsaient irrégulièrement leurs ressortissants, par charters entiers et sans ménagement aucun, de douce France, cher pays de leurs souffrances.


À ce titre, peut-on dire de la Convention sur la Diversité Culturelle, Unesco 2005, qu'elle serait le premier et seul instrument multilatéral, en Droit International Public, qui permettrait d'aborder les cultures - et donc les peuples - sur un même pied d'égalité ? Et non plus seulement sous l'angle du droit des peuples à l'autodétermination, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ou sous la forme universelle d'égalitaires droits sociaux, économiques, politiques, culturels et libertés idoines y afférents pour tous ?


Cette Convention sur la Diversité Culturelle, en mettant sur un même pied d'égalité les cultures - et donc les peuples - du monde entier, inverse par là un rapport trop longtemps unilatéral et vertical, de type colonialiste, pour une approche horizontale et bilatérale - dans le sens de réciprocité - de type plus universaliste, le mot mondialiste prêtant à confusion. Surtout en l'espèce, où les rapports entre les Grandes Puissances d'Europe - plus les États-Unis, la Russie tsariste - signataires du Traité de Berlin, en 1884-1885, sur le partage de l'Afrique, et les rares textes qui régissent la matière, sont des plus négationnistes et réducteurs pour les populations africaines.


Le seul instrument multilatéral, qui régit les rapports entre l’Union Européenne (dont la France) et l’Afrique (plus les Caraïbes et le Pacifique), les Accords de Lomé, à aucun moment ne parlent d'envisager la situation des populations et peuples d'Afrique (et des ACP), pour se concentrer exclusivement sur les cultures vivrières, minières et autres matières premières -et non humaines- via le STABEX, le SYSMIN et autres Protocoles sucre, banane etc. Comme si le protocole ne s'appliquait pas au genre humain ! Ce qui est inconvenant et incongru. Le Droit International Public actuel, n'est que la filiation naturelle de ce qu'il était convenu d'appeler le Droit des Gens. Or, dans les us et coutumes du Droit des Gens, régissant les rapports Europe-Afrique, il n’est question que de matières premières et non de personnes humaines. L’approche semble aussi peu orthodoxe, que la mission est peu catholique. Paradoxes et contradictions de la soi-disant mission humaine de civilisation.

La définition du champ étymologique du sujet : la Diaspora, qui plus est Africaine, élargit étrangement le thème de l’étranger au point de dénier et transcender toutes les carences, lacunes et absences, voulues ou non, qui rendent difficile et pénible l'évaluation de l'évolution de la traçabilité de ladite diaspora africaine en Europe, notamment en France. Ce flou s’épaissit, s’engraisse et (se) nourrit (de) la non-interactivité des approches juridique et conventionnelle, économique et financière, politique et idéologique. Pourtant, ces trois branches majeures de l'arbre social de la forêt de l'humanité, sont des plus liées et indissociables, sur le terrain de la pratique des rapports et des liens entre tout pouvoir et toute population. Cependant, elles sont trop souvent dissociées, comme si détachables, quant à l'étude de l'analyse de la pratique des rapports pouvoir-peuple.


À cette strate de non-interactivité, il faut en ajouter une autre concernant la sociologie, l'anthropologie et l'ethnologie. Enfin, ces deux strates de non-interactivité endogène, aggravent cet état de fait par une aussi forte non-interactivité exogène réciproque, afin d’omettre de troubler, de fond en comble, les oubliettes de l’histoire. C’est ce contexte historique qui trouble l’eau de vie du pont de la Diaspora Africaine, en France plus précisément.


Partant de l’étymologique de l’expression corporelle de "Diaspora" "Africaine", nous voulons arriver à la Convention sur la Diversité Culturelle, voyage qui peut nous aider à voir á pallier à ces absences, carences et lacunes…


DIASPORA :


Du grec, diaspora = dispersion ; exil du Peuple Juif, depuis le VIe s. av. J.-C., de la Palestine. On l'écrit alors avec une majuscule " Diaspora ". Par extension, toute ethnie, tout peuple hors de sa terre natale.

Il s'avère que les plus vieux Juifs au monde, qui vivent toujours, sont les Falashas, des Noirs. Bref, des Africains.

Question : ces Falashas, étaient-ils de la 1ère Diaspora, suite à l'Exode ? Hors d'Afrique ?


AFRICAINE :


Il-frîka ou Ifriqya : qui vient d'Afrique. Mot berbère ou arabe, (pardonnez mon ignorance), qui veut dire Noir. Ainsi, Berbères et/ou Arabes désignaient-ils aux Caucasiens blancs, (bien longtemps avant Jésus-Christ) les peuples qui vivaient sur les terres de ce continent : la Terre des Noirs. Si, étymologiquement parlant, (l’)Afrique veut dire (la) Terre des Noirs, cela veut dire le monde (des) Noir(s), puisque la Terre est le monde de ses habitants.


D'aucuns disent des Berbères, qu'ils viennent d'Ethiopie ou d’Abyssinie. Dans tous les pays arabes, on retrouve des Noirs, sans que cela soit le fait de la traite des esclaves. Peut-on concevoir l’Afrique du Nord sans les Noirs ? Quod de l’antique présence de ces mêmes Noirs, au Proche-Orient ?


Donc Africaine veut dire Noire, étymologiquement parlant. Soit. Maintenant, toujours du point de vue du Caucasien, avant qu'il ne distingue et différencie les Noirs de l'Ancien-Monde de ceux du Nouveau-Monde, il est des présences africaines, hors des routes de l'esclavage, dans nombre de cours européennes, depuis la Renaissance, en parallèle avec l'immonde et infâme commerce triangulaire qui dérouta tant de Noirs de leur civilisation. Quelle était leur nationalité ? Faux débat ? Etymologiquement, le concept de Diaspora Africaine a été réduit à sa portion la plus incongrue et saugrenue, rétrécissant comme une peau de chagrin orpheline du Pays bien aimé en pleurs et ses veuves en larmes, les soirs au Lèdge (Village).


"Africaine" veut dire "Noire", donc incluant l'Afrique, les Caraïbes et le Pacifique (les fameux ACP des Accords de Lomé). Géographiquement, le Maghreb est dans l'Afrique-la-Noire. "Al-Maghrib" est le nom que les Arabes donnèrent, en imposant l’Islam, à l'ancienne province romaine d'Afrique du Nord, Ifriqya en arabe, quand ils en chassèrent les Chrétiens de Byzance, en 697-698.


La Diaspora Africaine inclurait-elle alors les Falashas + les Noirs + le Maghreb ? Chaud devant ! Dans Noirs, faut-il inclure tous ceux qui ne sont ni Caucasiens, Aryens, Indiens des Amériques, Hindous, Chinois, Indochinois, Japonais, Coréens, Perses, Ottomans, Kurdes, Arméniens, Berbères, Arabes, Esquimaux ou autres ? Pour n’inclure que noirs Antillais, Américains, Océaniens, Olmèques ou Dravidiens, sans pour autant avoir à broyer du noir ou filer un mauvais coton forcément ?


FRANCE :


Ancienne province romaine de la Gaulle, qui était, autrefois, avec l'Afrique du Nord, " la région où la pénétration de la civilisation romaine a été la plus profonde", in le Grand Larousse Universel. L’Empire Romain va de 27 av. JC, á 476 apr. JC.

C'est à Clovis qu'on l'apparition de la France "moderne", par sa conversion au Catholicisme, sous l'impulsion de son épouse Clotide, en 498. Le royaume est agrandit par Charlemagne.

Il faudra attendre quelques siècles pour que les pays des langues d'oc et d'oil ne forment qu'un seul et même terroir. Vint le jour du massacre de la Saint-Barthélemy, dans la nuit du 23 au 24 août 1572, rappelant les morts des soi disant hérésies Cathares et autres. Suite à quoi Henri IV se fendit de l'édit de Nantes, pour mettre fin aux guerres de religions.

La fameuse révocation de l'Édit de Nantes, donnant liberté de culte et de conscience aux Protestants, après l’Affaire des Indulgences, sera l'œuvre de Louis XIV, en 1685. On lui doit également, á Louis-le-Soleil, « le Code Noir », par son sherpa de "ministre du commerce de la chair des Noirs", Colbert, systématisant la Traite négrière. Notons, au passage, le fort enracinement du protestantisme dans certains pays de l'actuelle Afrique francophone.


La Première Assemblée Nationale Constituante abolit l'esclavage, en 1794, provoquant le ralliement de Toussaint Louverture et l’avènement de la Première République Noire. Et la première république blanche, alors ? Vous avez le droit de garder le silence et mieux encore, de ne pas en parler á votre avocat !


Bonaparte rétablit l'esclavage, par amour pour sa Joséphine d’impératrice, née de Tacher de la Pagerie, noblesse békée de la Martinique, qui passa sous couronne anglaise, suite á l’Abolition de l’esclavage (justement par la 1ère Assemblée Constituante), le temps que Napoléon ne remette de l’ordre dans cette affaire… C'est une tête de Noire qui flotte, emblématique, su le drapeau de la Corse libre (et de la Sardaigne aussi)… L'esclavage est définitivement aboli, en 1848, alors que la statue de Joséphine trône toujours de nos jours sans tête, dépitée comme décapitée, sur la place de la mairie, á Fort-de-France.


Suivent l'Empire colonial français, puis la Communauté française, ses génériques et emblématiques Tirailleurs Sénégalais, qui viennent pourtant de toute l’Afrique Équatoriale et de l’Ouest. Ils seront d'une toute première utilité et nécessité pour aider à libérer douce France, du viol nazi notamment, en 1945.

Et, enfin, la Francophonie, créée par le général de Gaulle, après les Indépendances africaines de 1960, pour contrebalancer le Commonwealth des gracieux sujets so british de sa Majesté la Reine Elizabeth II. Mais la confidentialité extrême et l'hétéroclite politisation des institutions de la Francophonie, en font un concept largement inconnu des Français et peu en prise harmonieuse avec les populations de l'Afrique francophone et de la Diaspora Africaine, en France.


Pourtant, douce France fit tout pour ne pas faire fi de sa francophonie.


Ainsi, la loi constitutionnelle, du 5 juin 1960, entérine les indépendances des États africains désunis, enroulés dans la farine de la Communauté coloniale, qui succède á l’Empire colonial. Il ne s’agit pas de la Communauté Économique Européenne… Confer á ladite Communauté donc, l’article 85 de la Constitution de la Vème République portait révision spéciale de la Constitution en question, sur les dispositions spécifiques des institutions de ladite Communauté, pour regrouper la France et ses anciennes colonies…

Ladite Communauté n’ayant jamais été mise en œuvre, l’article 85 est abrogé en 1995, trente cinq (35) ans après les Indépendances de l’Afrique francophone… Les expulsions d’Africains, non bénéficiaires de la précarité aléatoire des cartes de séjour, (si on peut appeler cela ainsi, comparé á l’hospitalité africaine envers les étrangers européens, entendez expats et coopérants), pleuvent comme une mousson équatoriale inondant et noyant la francophonie sous l’océan du racisme qui sépare douce France de sa francophonie.


1.4. BILAN : PERTES et/ou GAINS ?


Il est de bon ton, dans un bilan comptable, que les deux termes s'équilibre. Mais dans un bilan d'humanité, après 61 années d'Indépendance, il serait de bon aloi que les gains excèdent plus que substantiellement les pertes.


Trois cas de figures sont envisageables :

1) les gains sont supérieurs aux pertes ! La Diaspora africaine et l'Afrique ont toutes deux progressé, soit l'une plus que l'autre, mais suffisamment pour l'entraîner dans son sillage.

2) gains et pertes s'équilibrent. Afrique et diaspora sont toutes deux en stand by me d'un prince charmant déflorant leur tropicale torpeur, en saupoudrant leur développement d'un baiser régénérateur au souffle nouveau et non á bout de souffle.

3) les pertes dépassent les gains : c'est la catastrophe !


Superposons l’approche avantages/inconvénients ou pertes/gains, née de la jurisprudence du Conseil d’État, en assemblée, 28 mai 1971, dite Ville Nouvelle Est, sur une expropriation pour cause d’utilité publique, á notre situation. Quels sont les avantages, peu nombreux pour l’Afrique francophone et ses diasporas, en France, inversement proportionnels á ceux, nombreux, de la France, en Afrique francophone ? Quels sont les inconvénients, nombreux pour l’Afrique francophone et ses diasporas, en France, inversement proportionnels á ceux, peu nombreux, de la France, en Afrique francophone ? Les avantages, nombreux et lucratifs pour d’aucuns, les inconvénients nocifs et généreusement montés en épingle pour d’autres, sont à épingler au blason du racisme colonial métropolitain. Il ne fait pas bon de pêcher - quel péché !- dans les eaux troubles et fangeuses du colonialisme et de son enfant bâtard le néocolonialisme débarrassé de tout éventuel pathectic Child, légitime détenteur de la souveraineté traditionnelle africaine bafouée.


Il nous apparait essentiel de ne pas dissocier diasporas et pays d'origine. Plus la situation est ardue et tendue, en Afrique francophone, plus sa - ou ses ? - diasporas en pâtissent, sur la tringle d’un aseptisant triangle des Bermudes ethno-anthropologique de peu développées diasporas et élites locales, aux bermudas bariolés d’aliénation culturelle, peu soucieuses des pantalonnades laissées pour compte aux gueux du prolétariat de l’immigration des cités caucasiennes sans civilités et du lumpenprolétariat des bidonvilles des mégalopoles africaines. Le violent orage du brutal exode rural a transformé en dépotoirs les dortoirs des jolies cités équatoriales, concomitamment à l’exode tout aussi brutal des richesses des ressources des sources du Pays, vers un ailleurs meilleur. Il n’est pas étonnant, dans cet ordre d’idée, que les Pauvres du Peuple fuient le Pays, le Lèdge, pensant pouvoir retrouver lesdites richesses, leurs richesses, ailleurs.


Rappelons la règle d’or d’un bilan comptable : pertes et gains s’équilibrent. Mais, n’y-a-t-il pas mieux á prétendre du bon choix entre Démocratie, ce vers quoi on doit tendre, et, médiocratie, ce qui nous tend trop des pièges dans la guerre des nerfs, á tous les tournants du développement, en feignant d’ignorer que diaspora et élite, feignants des tropiques de la torpeur et de la torpille, ne puissent redresser l’Afrique ?


Le rôle de la Diaspora africaine est double : en France et au Lèdge. De même pour les élites locales. Il est tout aussi double, non dans le sens d’agent double, mais plutôt de double culture. Opposer élites locales et diasporas exilées revient á abonder dans le sens du diviser pour mieux régner, au détriment de la Cause du Peuple, otage, sans syndrome de Stockholm, de l’immigration sauvage, en France, et, du sous développement de l’urbanisation toute aussi sauvage, au Pays.


DOUBLE CULTURE vs MÉTISSAGE CULTUREL


J’ai soif de culture ! Prenons trois verres, pour étancher mon inextinguible soif. Deux sont vides, un est rempli d’eau. Le métissage culturel, c’est de répartir le verre plein pour moitié, dans chaque verre. Selon vos inclinaisons, vous direz que ledit verre est moitié vide, si vous privilégiez le vide comme au dessus du plein ; moitié plein, si le plein est la base du vide. Il n’y aura jamais de moit’-moit’. Ce qui n’existe pas dans la règle d’or du suffrage universel de la démocratie, où il faut toujours une voix de majorité pour l’emporter. Ce qui ne peut apaiser ma soif, ne faisant que l’attiser.

Dans la double culture, le verre plein, vidé dans le verre vide, devient vide, le verre vide plein. C’est simple, il n’y a plus de rapport de force et/ou de préférence… Je n’ai plus soif !

Mais pour quel lobbying et comment ?



2 APPROCHE - du vide – JURIDIQUE


La quasi-impossibilité de dater avec certitude, le début des relations entre l'Europe et l'Afrique, doublée d'une quasi impossibilité d'en suivre une claire et nette traçabilité, favorisent cette politique du vide juridique. 7

Or la Nature a horreur du vide...


2.1. Rappel des CONVENTIONS


Le passage du Droit des Gens au Droit International Public, épouse celui du bilatéralisme au multilatéralisme. Mais avant, il y eut une série d'actes unilatéraux (sans le moindre égard pour les peuples concernés, comme s'il s'agissait du fait du prince), qui va du Code Noir, 1685, à la Déclaration d'Abolition de l'esclavage, 1848. S’ensuit toute une série d'actes bilatéraux, les plus appropriés pour coloniser, en faisant primer la force sur les engagements trahis, alors que lesdits engagements ne respectaient déjà que très peu l’esprit des lois de l’humanisme. Et pour couronner cet imbroglio negro, cerise caucasienne sur le gâteau colonial, il y eut une convention régionale, pour asseoir le bien fondé de ce pillage éhonté.


C'est la Conférence de Berlin et le Traité du même nom, 1884-1875. Les Parties signataires : Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Portugal, Autriche-Hongrie, Italie, Danemark, Pays-Bas, Suède-Norvège, plus les États-Unis, la Russie tsariste et l’Empire Ottoman. Mais toujours sans les principaux concernés, les rois et souverains traditionnels africains, le sang bleu n’étant pas du seul apanage des Caucasiens !

Concomitamment á l’abolition de l'esclavage (1834, en Angleterre, ce qui provoque le Grand Trek ou la longue marche des Boers, en Afrique du Sud, avant la guerre du même nom ; 1848, en France ; 1865, aux États-Unis après la Guerre de Sécession), une nouvelle doctrine juridique voit le jour, permettant aux parties signataires de Berlin, après s'être occupé des ignobles croisières triangulaires génocidaires, de finir de s'occuper des Noirs restés en Afrique : il s'agit de la théorie dite de Terra Nullius ou territoire sans maître...


L'Afrique servit au moins à quelque chose, au XIXème. « Il est assez remarquable que les règles du Droit International classique, relatives à l'acquisition d'un territoire par occupation aient été forgées à propos des colonies » note le professeur Gonidec, citant Gaston Jèze.

C'est la fameuse et fumeuse thèse dite des territoires sans maître, c'est-à-dire des « territoires exotiques peuplés de collectivités primitives arriérées ou décadentes », pour Georges Scelle.

Ou « tous ceux sur lesquels ne s'exerce encore aucune souveraineté organisée, qu’ils soient inhabités, déserts, ou même qu'on y rencontre une population indigène, barbare ou sauvage, sans organisation politique suffisante », pour Sibert. Super et cyber.


Il ne faut pas s’étonner si, pas la suite, toutes les conventions bilatérales signées, par des émissaires des signataires de Berlin 84-85, avec des souverains traditionnels africains, ne furent pas respectées. Comme tous ces traités de traites négriers, signés avec les souverains traditionnels indiens des Amériques, de l’autre côté du paradis, pour d’aucuns, de l’enfer, pour d’autres. Il n’y aura plus de souveraineté traditionnelle issue des terres ancestrales, dans les Amériques. Les rares descendants rescapés, sont parqués dans de sinistres réserves étriquées et arides. Ce n’est rien de plus qu’un génocide !

Au moins, il subsiste encore élites et diasporas africaines… Maigre et piètre consolation.

Au XXème, on évoluera : il y aura des chasses gardées africaines, avec gardes-chasses africains.


Le Traité de Versailles, 1919, dans la lignée de Berlin, ne fera que transférer les colonies allemandes d'Afrique à la France (Cameroun, Togo), à l'Angleterre (Tanganyika, actuelle Tanzanie).

La Conférence de Yalta reste dans cette continuité, sauf que la Russie est remplacée par l'URSS. Deux langues vont se partager le monde, créant la Guerre Froide, l'anglo-américain et le russe, sans la présence des deux principaux belligérants : la France et l'Allemagne. Mais c'est surtout l'absence française qui est à remarquer.


Toujours dans cette logique négationniste de l'identité Africaine, entendez noire, il sera encore question d'actes unilatéraux des puissances parties à Berlin, pour re-qualifier Noirs de l’Ancien-Monde et du Nouveau-Monde. Deux concepts vont corroborer la théorie des territoires sans maître ou terra nullius. Il s'agit de l'Apartheid, en Afrique du Sud et dans la Rhodésie d'alors, et, le Statut de l'Indigénat, dans les colonies françaises, aboli en 1952. Les États-Unis, de l'autre côté de l'océan, aucun océan ne les sépare (bis), assurent eux aussi leur part de développement séparé à l'égard - quel manque d'égards ! - des Peuples Noirs d'Amérique.


Au sortir de la 2èmeGM, l'ordonnance de 1945 régit le statut des Étrangers, en France. Les Africains, en France, entre 1945 et 1952, Abolition du statut de l'indigénat, avaient quelle nationalité ? Indigènes, oui mais d'où ? Étrangers, mais de quel pays ? Ou Français ? Idem, entre 1952 et 1960, dates des Indépendances.


2.2. Analyse du Vide Juridique


À propos des Indépendances, confer à la Constitution de 1958, il fallut attendre la modification de 1995, pour entériner les Indépendances africaines. 35 ans après...

Enfin, les Accords de Lomé, entre l'Europe et les ACP, où il n'est guère question des populations africaines, en Afrique, ou en Europe. La libre circulation des matières premières, de l’Afrique vers l'Europe, n'a jamais connu les vives discussions, dissensions et tensions que suscitent la libre circulation des Africains, de l'Afrique vers l'Europe, vulgairement qualifiée d’immigration. Pour lesdites matières premières, on parle d’exportation. Ce qui se rapproche plus d'expatriation - avec les avantages matériels y afférent - que d'immigration, et tous les inconvénients qu'elle colporte.


C'est pour cela que l'on parle d'infra droit, de vide juridique, quant au statut des Africains en France. Il est un adage, français, qui dit " Nul n'est censé ignorer la loi ". Même si elle est des plus répressives, comme pour le statut des étrangers, notamment ceux de la Diaspora Africaine. La grande méconnaissance des Africains, quant à la loi, augmente autant les risques de dérapages que de fraudes en faux et autres états de clandestinité. La création de la Carte de Séjour occasionne le début de la fin de l'image de marque des Africains, tant en Afrique francophone qu'en France, sans qu'on puisse pour autant établir un quelconque lien de causalité direct. Mais force est de constater que depuis lors, la situation de nos chères présences africaines de la Diaspora s'est dégradée à l'aune de la situation économique en Afrique.


Pour finir de confirmer le caractère d’infra droit de la Carte de Séjour, qui n’est pas un droit républicain, mais un régime de faveurs régaliennes, tant les inégalités de traitement de rigueur fluctuent au gré du racisme électoral, qui plus est ! Parlez de francophonie, dans ce contexte de jungle urbaine (où la honte ne tue plus), revient á donner des lettres de noblesse á la médiocratie raciale. Comment peut-on demander á un ressortissant de la Francophonie de s’intégrer en douce France, cher pays de ses souffrances á venir ? Vous parlez d’un avenir ! Alors que tous les textes administratifs, au Pays natal, même dans les villages (lèdges) les plus reculés au fin fond de la brousse, ainsi que tout l’enseignement, de la crèche á l’agrégation, sont en français ! Pour s’intégrer á quoi, une fois en France ? À l’immigration ?


2.3. Apports de la Convention sur les Diversités Culturelles


Nous regrettons l’appellation de diversité culturelle, fruit du lobbying triomphateur américain, (Uncle Sam wants you all), au détriment de la mitterrandienne exception culturelle, toutes les cultures étant exceptionnelles contre toute pensée unique.


Où il est reconnu, dans son Préambule :

§1 : que "la diversité culturelle est une caractéristique inhérente à l' humanité." et en " constitue un patrimoine commun", "ressort fondamental de développement durable...".

Art.1er, où l'on parle " d'interculturalité" et "d'interaction culturelle".

Art 2-1, cette "diversité culturelle ne peut être protégée et promue que si les droits de l'homme et les libertés fondamentales... sont garantis".

Art.2-3 : "La protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles", (les deux expressions sont également employées : diversité culture et diversité des expressions culturelles), "impliquent la reconnaissance de l'égale dignité et du respect de toutes les cultures."

Art.4-3, l'expression culturelle résulte "de la créativité des individus, des groupes et des sociétés".

Art.4-8,l' "Interculturalité" renvoie "à l'existence et à l'interaction équitable de diverses cultures."

Art.7-1 : "Les Parties s'efforcent de créer sur leur territoire un environnement encourageant les individus et les groupes sociaux :...", confer à aimer vous les uns les autres, nous sommes tous des autres pour les autres.

L'art.27-2 favorise "l'adhésion des territoires qui jouissent d'une complète autonomie interne… » ; on peut penser à la Polynésie. Cette mesure pourrait s'étendre aux autres DOM-TOM, donc les Caraïbes et le Pacifique : les " C.P. " des ACP.

L'art. 27-3 s'adresserait aux unions régionales, CEEAC (Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale), CEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest), CEA (Communauté Économique Africaine) : le " A " des ACP.

Seul petit hic, à l'art. 34 : des six (6) langues faisant foi du texte, anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe, il n'est pas une seule langue africaine...

Le vide persiste et signe...

Mais il est d'autres articles qui peuvent durablement profiter à la Diaspora Africaine ( cf infra 3.3.), dont nous allons traiter, en cette dernière et majeure partie sur l'évolution et l'évaluation de ladite diaspora..


3. BILAN


Évaluation : Pertes : hausse de la population africaine, en milieu carcéral.

Évolution. Avant, il y avait plus d’idéologie, peu ou pas de prisonniers de droit commun, pour de rares prisonniers politiques pour délit d’opinion politique, justement. La honte tuait, alors… Shame of the jungle !

Aujourd’hui, adieu idéologie ! Il n’y a plus de prisonniers politiques, il y a de moins en moins de délits d’opinion politique (ce qui est un comble, vu et su la perverse persévérance et ténacité du racisme durable), mais de plus en plus, (beaucoup trop), de prisonniers de droit commun, délinquants ordinaires. La honte ne tue plus… Star of the jungle ! )


Pour bien enfoncer le clou de ce changement de paradigme, il n’est plus question de (faire) tuer un président récalcitrant. Comme ce fut le cas pour Thomas Sankara. Il sera tué par son frère d’armes, traître á la cause du peuple du pays des hommes intègres, par appétit et appétence du pouvoir qui corrompt. Et bien, rassurez-vous, cette époque là est révolue. Enfin presque : chassez le naturel… Il suffit juste de le déposséder, en l’humiliant publiquement. Comme Laurent Gbagbo, président déchu sans coup férir, sans élections truquées, ni coup d’état permanent, sans légion qui saute partout, retenu en exil sans diaspora comme un détenu en préventive des années durant, comme une vulgaire arsouille de crapouille de fripouille, boss en marcel débusqué dans sa planque.


Peut-on considérer le paradoxal effet pervers de la dévaluation, inversant les flux financiers des Africains de la Diaspora en France, vers l’Afrique, comme un gain ? Même sans chercher à savoir si ces sommes envoyées au Lèdge, pouvaient contrebalancer les mirobolantes et folles sommes détournées d’Afrique vers l’Europe ?


3.1.1. Avant 1945 : bref petit rappel historique depuis la Renaissance, en délaissant, d’une élégante désinvolture, la question des influences civisationnelles noires, en mer Méditerranée.

L'Histoire nous apprend qu'il est des présences africaines dans nombre de cours européennes, dès la Renaissance, parallèlement à cet ignoble commerce triangulaire.

Ainsi,

Shakespeare en fait de ses personnages principaux, même s'ils ont de bien sinistres rôles, dans deux de ces tragédies. Othello : mais pourquoi tue-t-il la si belle Desdémone, si follement éprise de lui ? Et Aaron, dans "Titus Andronicus" ? La blonde Walkyrie, Tamora, impératrice des Goths, qui a ce diable de lascar de noir, Aaron, dans la peau ! Il la manipule, et, en bon just a gigolo avant la lettre, veut lui faire épouser Saturninus, mou et indolent empereur romain plus qu'amouraché fou de la belle blonde, qui attend un enfant de notre triste noir sire, dont le rêve secret est de voir un issu de goudronné à la tête de l'Empire... Littérature ? Certes, mais les postes et rôles occupés par ces noirs ne relevaient pas du statut d'esclave.

Et ce Laurent de Médicis qui eut un enfant de sa belle princesse éthiopienne, dit Alessandro il Moro, dont le précepteur ne fut autre que Machiavel !

Et Hanibal ou Hannibal, l'aïeul de Pouchkine, enlevé par des négriers, au Nord Cameroun, racheté par Pierre le Grand, tzar de toutes les Russies !

Ou Louis XIV, en personne, accueillant le fils du roi d'Assinie, actuelle Côte d'Ivoire, après avoir envoyé Hanibal, celui de Pierre le Grand - qui épousera une comtesse suédoise...- faire ses armes auprès du Prince Condé, cadet du Roi.

Et cet autre musicien envié par Mozart lui-même ? Ou celui ci, professeur de philosophe dans une grande université allemande ?

Ou encore cette fille métisse de Marie-Antoinette, qui finira sa vie dans je ne sais plus quel couvent francilien !


Pour dire qu'il y avait déjà deux statuts de noirs. Le bon : dans les cours européennes. Le mauvais, dans les cales des vaisseaux sanglants cinglants, comme les lanières d'un fouet cruel sur des chairs trop tendres, vers un soi-disant Nouveau Monde ! Horrible méprise. L’esclavage a malheureusement toujours existé, dans toutes les civilisations : L’Europe fut la seule a le systématiser : la traite des traîtres á l’Humanité !

- Imaginez la surprise et l’étonnement de ces grands navigateurs, explorateurs des ondes et seigneurs des vagues à l’âme conquérante, en de périlleuses et audacieuses traversées océaniques, qui, de Cook à La Pérousse et autres gerfauts, accostant en ces îles perdues du bout du bout du monde, au fin fond du Pacifique, avec, 2000 km aux alentours, de l'eau ! " Que d'eau ! Que d'eau ! ", à perte de vue ! Tout ça pourquoi ? Pour y trouver des dignes indigènes autochtones, qui des Maoris, Kanaks, Aborigènes, Fidjiens, Tahitiens, Hawaïens et autres encore, n'étaient ni Caucasiens, Asiatiques, Indiens, Peaux-Rouges, Berbères, Arabes ou Aryens. Dravidiens peut-être des ? Non, mais des Noirs ! Des Africains ! Après toute cette ingéniosité déployée pour leur faire faire croisière sur l'Atlantique, cruelle croisade pour leur faire part du partage de la découverte des Amériques (déjà découverte par les Amérindiens...), n'avoir pour seule récompense, dans la découverte d'îles inconnues du Pacifique, que d’y retrouver encore des Africains, n'est-ce pas là l'expression du comble de l'ingratitude !



L'Afrique francophone
Diaspora Noire









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