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AUX LYONNAIS DE FRANCE

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Trente cinq mille consultations et un séjour de 6 mois au Cameroun ont permis à quatre jeunes Lyonnais (dont 2 médecins) de pénétrer la misère des Noirs d’ Afrique.

Tel est l’article sensationnel que publie un journal Lyonnais « Le Dauphiné Libéré » du 2 mars 1956.

Au mot Lyonnais j’ai immédiatement pensé à de nombreux autres Lyonnais connus par –delà les mers, aux valeureux vainqueurs de l’Annapurna et au vénérable Président Herriot maire de la ville de Lyon.

Je pensais lire un honnête article intellectuel, de la prose d’humanistes, de ceux-là même qui sont appelés à bâtir cette Union Française sincère et désintéressée.

Mais j’ai du déchanter dès les premières lignes de ce trop fameux article qui cherche un exotisme suranné.

Le premier héros de ce roman de mauvais goût se trouve dans une histoire pour enfant d’un certain Deschamps qui, paraît-il, fit la traversée du Sahara à pied…

Brusquement nous nous trouvons à Douala et voici textuellement ce que dit notre « journaliste » : « A Douala, l’équipe échoue au milieu d’un pays d’un million d’habitants parlant quelques 60 dialectes… »

Suivons notre « journaliste » et écoutez ses sornettes : Ranchet et Deschamps découvrent le village lépreux de Mokolo…

Une jeune femme sourde, vieille et aveugle les accueille et les conduit au milieu de très nombreuses familles de malades… (vivre là-bas, à Mokolo permet une vie indolente à l’abri de tous soucis…)

Des scènes pittoresques ne manquent pas : nos deux Lyonnais ont assisté à une bagarre qui avait pour objet, à l’intérieure du dispensaire, une souris !

Le vainqueur mangea l’animal cru, les yeux pétillants de gourmandise.

Il est pour le moins curieux de constater que des gens qui se donnent pour tâche de soulager la misère humaine, puissent écrire de tels faits. Et d’abord les contradictions notre journaliste, si journaliste il y a, nous parle d’une vie à l’abri de tous soucis et, renversant la peur, li nous parle des gens se disputant une souris !...

Au siècle de la radio et de l’avion, à cette époque où le Cameroun est à 18 heures de Paris, est-il permis de tromper aussi fallacieusement le monde métropolitain ?

Vous avez parlé, Monsieur Alphonse Renaud, du père de Foucaud, au début votre élucubration. Lors du voyage d’un chef Touareg à Paris, cet ecclésiaste regretta qu’on ne fit pas plutôt voir la vie de bons paysans de France au monarque, plutôt que des pièces d’opéra… Vous rendez-vous compte de la profondeur de cette sage idée ? Est –ce vraiment la fameuse scène qui ait été la chose qui vous a le plus frappé au Cameroun ? Etes – vous un homme au grand cœur ou un farceur de petite coterie ?

Dites – vous bien que, quand on vous confie un mineur à élever, si celui – ci fait l’admiration du monde, les palmes sont pour vous : dans le cas contraire, c’est de vous qu’on se moquera.

D’un autre coté il ne faudrait pas perdre de vue que tout est relatif au lieu, au milieu, en fonction de la latitude. Présenter du caviar à cet Africain que vous voudriez ridiculiser, il vous regardera d’un air étonné car il ne croira pas que « ça » puisse être comestible… Et qu’elle n’est la répugnance générale chez nous ici, d’apprendre qu’il y a des humains qui mangent des pattes de grenouilles ?...

L MOUME – ETIA

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