La Combattante, film documentaire
Dans son film documentaire "La Combattante", Camille Ponsin nous brosse un portrait saisissant qui honore le travail méconnu de l’ethnologue Marie-José Tubiana, 90 ans, spécialiste, experte incontestée et incontestable du Darfour, au Sud Soudan.
Sa maitrise de la cartographie des lieux est remarquable, notamment pour aider les réfugiés politiques du Darfour à obtenir l’asile politique, en France. Pour preuve, ses 324 appels, aux décisions de rejet d’accorder le statut de réfugié politique à ces rescapés du massacre, ont tous obtenus gain de cause ! Il faut voir comment elle démonte et démontre, preuves à l’appui, les avis et motifs de l’OFPRA, qui ne sont pas fondés. Il faut la voir scruter les cartes du Darfour pour valider et authentifier le lieu de naissance desdits demandeurs d’asile déboutés !
Sur la scène internationale, c’est l’acteur african american, Dany Glover, qui allait tirer la sonnette d’alarme sur le génocide perpétué au Darfour.
Énigmatique Soudan ! Le Soudan était le plus grand pays d’Afrique, avant la sécession du Sud-Soudan, et ce bien après des décennies de guerres si viles de génocides ethniques…
Le Soudan, dont une partie n’est autre que l’ancienne Nubie, est liée à la faramineuse et fameuse antériorité négroïde pharaonique si chère à Cheikh Anta Diop. Est-ce pour cela qu’il y eut partition, pour ne pas jouer à la Mélodie du Bonheur ou à l’Ode à la Joie?
Plus tard, bien plus tard, il y eut cette incongruité géopolitique, de la part des copains coquins, la France et l’Angleterre (RU), les deux plus grands détenteurs et consommateurs de TerraNullius, en Afrique coloniale. Le Soudan français était alors l’actuel Mali, de 1890 à 1899 et de 1921 à 1958. Quand à ces messieurs les Anglais, tirés les premiers, ces derniers ne trouvèrent rien de mieux à faire qu’à administrer, main dans la main, cet autre Soudan, avec l’ Égypte sans pharaon, en la forme d’un condominium anglo-égyptien, de 1899 à 1956.
Avant Dany Glover, il y eut ces deux splendides albums photos, sur les Nuba et les Nuba de Kau, Sud-Soudan, de la photo-cinéaste du IIIème Reich, Léni Reinfeinthal. Cf « Les Dieux du Stade », sur les JO Berlin 1936, où, nazi un est blême de rage devant les médailles d’or de Jesse Owens, aux initiales prédestinées. Il (nazi un) quitte le stade, sans même un adieu.
Dans le film « Race », de Luc Dayan, sur Jesse Owens, on voit Léni faire une séance photo uniquement pour et avec J. O., sur le sautoir en longueur du stade dépeuplé. Cela préfigurait-il son mea culpa à venir sur la beauté des corps noirs Nouba ? Nous sommes en 1975. La guerre génocide commence.
Les Dinka et les Nouba seront « génocidés ». Pourquoi ? Parce que Noirs, du Sud, en mode Mississipi Burning, animistes mécréants, ils refusaient le diktat des Musulmans Blancs du Nord. On parlera plus du Soudan lors de l’arrestation du terroriste Carlos, que des génocides noirs…
Puis tout dérape : catastrophe ! On a trouvé du pétrole dans le Sud-Soudan…
À peu près à la même époque, il y eut une histoire bizarre de Falashas exfiltrés d’Éthiopie, (bénévolement ?), sous le règne général de Nieméiry…
Marie-José Tubiana arrive au Darfour dans les 70’. Elle cartographie, filme beaucoup de la vie locale sous toutes ses coutures, sous tous les angles, caméra au poing. Et, rétrospectivement, c’est effroyable ! Effrayant ! On voit alors, carte à l’appui, comment des bourgades entières ont été rasées, les alentours ratiboisés ! Et comme pour préserver ces beaux jours qui ne reviendront plus, Marie-José Tubiana dévoile à la caméra complice de Camille Ponsin, une pile de bobines de ce temps jadis (les 70’ !), cachées là, en haut, au fond d’une armoire en sa demeure, dans l’attente d’un développement durable.
Misogynie induite, quand on parle de sa démarche, à ses débuts, on évoque toujours la figure -incontestable- de Jean Rouch, 1917-2004. Mais, malgré le peu d’archives, on ne peut oublier de citer l’engagement des femmes Caucasiennes, française, anthropologue ou autres, en milieu colonial MARTHE OULIÉ, 1901-1941, la plus jeune archéologue française alors. On lui doit ce livre, “ Les Antilles, filles de France ”, 1935. L’année suivante, le Front Populaire de Léon Blum, nomme, pour la première fois un gouverneur Noir, en Gwada : Félix Éboué.
Les recherches menées à Blida, Algérie, par Suzanne Taïeb, 1907-1979, seront citée par tous comme « thèse en médecine », discutées à Alger, en 1939, avec le titre Les Idées d’Influence dans la Pathologie mentale de l’Indigène Nord-Africain. Le Rôle des Superstitions. Elle se démarquait de l’école psychiatrique d’Alger, du Dr Alain Porot, que critiqua ouvertement Frantz Fanon en ce qu’elle parlait arabe, pour soigner des patients qui ne parlent pas français, en Algérie française alors…
Les projections de La Combattante, ce beau film documentaire de Camille Ponsin, relèvant de la quête quasi initiaique, sont à visibilité très très limitée. Comme par hasars. Vomme d'habitude...
Pourtant, il en fallu de la patience et de la persévérance pour mener ce projet à bon port
C’était par un soir de novembre 2022, au MK2 Beaubourg.
![Une vie de savoir et de combat pour les autres](https://static.wixstatic.com/media/cd5e28_313b78263c30438595e7250108df174f~mv2.jpg/v1/fill/w_900,h_600,al_c,q_85,enc_auto/cd5e28_313b78263c30438595e7250108df174f~mv2.jpg)
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